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Après ce long récit, qu’il avait fait sans hâte, pour lui-même, beaucoup plus que pour Annette. — ralentissant le pas, à de certains moments, afin de mieux les revivre, — il s’arrêta, rêvant.

Annette, penchée vers lui, s’abstenait de faire un mouvement qui pût briser le charme. Ses yeux, qui reflétaient le mirage passant, continuaient d’écouter, après qu’il eut fini. Germain les regarda. Quelques minutes s’écoulèrent, dans un muet entretien. Elle l’entendait très bien. Un peu gêné. Germain dit, comme pour répondre à la pensée d’Annette : (il semblait s’excuser)…

— N’est-ce pas curieux ? Depuis que l’on est né, on vit avec soi, on se connaît, on le croit… Cela paraît tout simple et tout d’une pièce, un homme ! Ils se ressemblent tous, ils ont l’air de sortir tout faits, complets, du magasin… Mais, à l’user, que l’on découvre d’êtres divers, sous son étoffe ! Qui m’eût dit que je me trouverais une