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— Quand le feu a pris dans un quartier et qu’on se sent trop faible pour tout sauver, on lui fait sa part, on abandonne ce qui doit brûler, on coupe les ponts, et on se cantonne dans le donjon, où le plus précieux est enfermé. On sauve sa vie, sa vie profonde. Ou l’on attend que sur ses cendres, le feu fasse crouler l’habitation… Je l’ai sauvée. Mais le feu vient. Anne, au secours !

Il ne pouvait s’empêcher de garder encore le mode plaisant ; mais l’accent trahissait l’anxiété. Elle lui prit les mains :

— Voici mes mains ! Que faut-il sauver ? Elles l’iront chercher dans le feu.

— Ma joie, ma foi, et mon moi. Celui que j’aime.

— Celle ?

— Celui… Mon ami.

— Où est-il ? Que ne vient-il ?