Page:Rolland - L’Âme enchantée, tome 3.djvu/193

Cette page n’a pas encore été corrigée

publiait ce monument d’insanité déshonorante :

« Les Allemands et la Science », où, deux noms exceptée, les plus grands de la pensée, non seulement rejetaient les Allemands de la famille d’Europe, mais doctoralement (Marphurius et Pancrace), analysant leur cerveau, leurs os, leurs excréments, les retranchaient de l’espèce humaine. Un maître de la Science voulait que Berlin fût rasé, « afin de laisser, au centre de cette terre d’orgueil, un oasis vengeur [1] de décombres. » Un maître du Droit établissait la légitimité du recours aux représailles. Un des porte-parole du catholicisme libéral de France, honnête et respecté, félicitait les catholiques français « de n’avoir point hésité, au nom du Christ, à ne point pardonner aux catholiques d’Allemagne. » Un autre chef de chœur réclamait l’Empereur, comme sa part du butin, pour le mettre dans la fosse aux ours du Jardin des Plantes. Car le grotesque et l’horrible étaient accouplés. Tartuffe et le Père Ubu. Chez les ménétriers, les maîtres de la danse, l’hypocrite impudence montait jusqu’à des cimes Himalayennes. Un ministre papelard, dans une séance de l’Assemblée, exaltait, d’une voix mouillée, aux acclamations des compères extasiés, le désintéressement auguste des journaux qu’il payait. Et le hâbleur

  1. Sic.