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Mais ce n’était que la moindre appréhension que lui causait son retour dans la maison. Il y en avait d’autres ! Elle aimait mieux n’y point penser, d’avance… — Et ce fut pire encore qu’elle ne l’avait redouté…

Cette rentrée dans son appartement !… N’en usant plus, elle en avait laissé la jouissance aux deux réfugiés, Alexis et Apolline, se réservant seulement sa chambre à coucher et celle de son fils. Ils avaient tout envahi. Ils se considéraient maintenant comme les possesseurs du logis ; Annette leur parut une intruse. Il sembla qu’ils lui fissent une grâce, en lui concédant de loger sous leur toit… Ce mot de « grâce » jurait avec les traits maussades d’Apolline : ils ne consentirent à s’éclairer un peu que quand elle sut qu’Annette ne resterait qu’une vingtaine de jours. Encore émit-elle la prétention de ne lui rendre l’usage que d’une chambre. Elle trouvait que, pour trois semaines, le fils et la mère pouvaient bien coucher dans la même pièce. Marc, indigné, revendiqua ses droits, manu militari, en expulsant de sa chambre les nippes d’Alexis. Le plus pénible fut l’état dans lequel Annette retrouva son logis. Désordre, malpropreté, vaisselle mise au pillage, ustensiles de cuisine brûlés et encrassés, murs éclaboussés d’eau, qui avait, çà et là, ruisselé et pourri le parquet, usure et