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champs. Il faut être plus mûr pour découvrir le prix des paysages sans apprêt, et leur odeur de violettes. Si elle s’attache au corps, ce n’est qu’à son insu : le charme opère, après…

Annette l’entraîna dans quelques promenades. La présence d’un autre suffisait à couper le colloque de l’âme avec la nature. Annette pensait tout haut ; elle jouissait fortement de la terre et de l’air. Elle s’interposait entre eux et le jeune garçon :

— Ôte-toi de mon soleil !…

Elle aimait à marcher. Il voyait sa robustesse sa jeunesse réveillée par le rythme rapide du pas et de son sang. Il la voyait courir, crier, se passionner pour une fleur, un insecte… Plus tard, rentré à Paris, ces images reviendront le chercher : cette joie, ce flot de vie, cette bouche, ces yeux, cette gorge en moiteur — (une fois, dans sa gaîté, elle l’étreignit follement ; et lui, fit l’homme froissé de cette familiarité)… Pour l’instant, tout le choque. Cette femme le fatigue. Il est vite essoufflé. Il est humilié. Et qu’elle ralentisse son pas, pour qu’il puisse la suivre, il ne peut le tolérer. — Il mit fin aux promenades, d’un refus sans réplique.

Alors, il ne lui resta plus qu’à s’ennuyer. Il ne se fit pas faute de le montrer. Non point en