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d’attrait. Sylvie exerçait sur lui une fascination irritée.

Elle la connaissait. C’était une de ses armes. Elle n’avait garde de la négliger.

Les femmes de Paris ont deux ou trois jeunesses. Elles en auraient davantage, si elles n’étaient Françaises, qui savent se borner. Sylvie était dans sa deuxième. Ce n’était pas la moins appétissante. Elle eût tourné la tête à qui elle eût voulu. Elle ne le voulut pour Marc que juste dans la mesure qui était utile à établir son gouvernement. La mesure était honnête. Une ligne de plus, elle eût risqué de ne plus l’être. Il fallait être Sylvie, pour ne point la dépasser.

Elle savait de quelle soif languit l’âme d’un jeune garçon, desséchée de désir, d’orgueil et de ce fatras intellectuel qu’on lui ingurgite à l’école, — quelle soif de la caresse, de l’ombre et de la source, qui irrite et apaise, — ce besoin d’appuyer en rêve son front fiévreux sur une gorge douce et ronde, qui fait chaud, qui fait frais, qui fleure les arômes du jardin au printemps, et de la reine des fleurs, le beau corps féminin ! Et elle savait aussi la curiosité affamée de la vie qu’ont ces jeunes louveteaux. Jouir, pour eux, c’est aux trois quarts connaître. Et connaître, souvent, les dispense de jouir. Connaître !… Cette chasse à courre !… Et la vie est le gibier…