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encore devant vos pas, on se dit qu’on se rattrapera : l’expérience de l’injustice faite à l’un, un autre en bénéficiera. Mais maintenant que le plus long de la route est ce qu’on laisse derrière soi, les erreurs qu’on a faites, on les garde pour soi. On a pris le mauvais chemin, il est trop tard pour changer, on n’arrivera plus…

Elle fit un retour sérieux sur sa vie passée. Tout défila, depuis les premiers temps du mariage : la naissance de l’enfant, la brouille avec Annette, Yvonne, la catastrophe, et la vie qui reprend, la bonté de Léopold qui semble si naturelle qu’on ne songe même pas à la remarquer, la guerre, les amants, et le pauvre homme qui meurt là-bas, au loin, seul et trahi… Et ce n’était pas gai. Et elle chercha, d’instinct, pour se réchauffer à eux, les deux qui lui restaient : Annette, Marc… Elle en était arrivée à ce point de ses pensées, lorsque Marceline vint lui faire sans fard sa confession.

Et le soir du même jour, alarmée de ce récit, comme elle allait chercher le petit à son lycée, entra Marc. Il était renvoyé.