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Sylvie traversait une crise, — la plus aiguë de sa vie, depuis la mort tragique de sa petite fille. Cette femme qui s’étourdissait follement, et que la guerre avait jetée dans une fringale d’excitations et de plaisirs, venait d’être rappelée, par un coup, à la réalité. Pourtant, elle avait pu prévoir ce coup, sans trouble ; mais elle n’en prévoyait nullement le retentissement en elle. — Son mari, Léopold, était mort, prisonnier, dans un hôpital d’Allemagne. Et voici la lettre où le pauvre homme lui annonçait, par avance, la nouvelle :

« Ma chère femme, pardonne-moi, si je te fais de la peine. Je ne vais pas bien fort. On m’a mis à l’hôpital, mais je puis t’affirmer que je suis très bien soigné par les Allemands. Je n’ai pas à me plaindre. Les salles sont chauffées. Car dehors, il fait encore froid. On dit que vous avez là-bas du mal à vous réchauffer, que le charbon