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Enfermés, ces pensées et ces jeunes corps en feu ! La prison, — la pension — est pour eux plus dangereuse encore que la rue. L’ennui déprave l’esprit. L’anxiété, l’attente, la luxure, la crainte, la cruauté, travaillent ces petits animaux. La nuée de soufre qui pèse sur la Ville assiégée alourdit leurs cerveaux, empoisonne leurs membres. Elle couve les dortoirs en sueur, où la surveillance s’est relâchée. Le pion a donné l’exemple. Il sort, une nuit sur trois, avec la connivence du porte-clefs. Le surveillant-général ronfle dans une chambre à côté. Pourvu que tout se passe en silence, la galère jusqu’à l’aube est déchaînée. Marc écoute, étouffe, se sauve, écœuré. Il saute, par une fenêtre, dans le jardin de la pension — de la prison…

Nuit sombre. Quatre murs. En haut, ciel opaque. Un rayon de projecteur passe et fouille