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dans la vase du marais, d’où il sortit un jour, et qui l’engloutira… (Tant de milliers d’espèces, déjà, y ont sombré !,.. Quoi ! n’arriverons-nous pas à racheter la nôtre ?…)

Des feux-follets luisent au-dessus du marais. On a l’illusion de les voir, un instant, briller dans les yeux de quelques-uns de ces petits… Annette cherche à les saisir… Que pensent-ils de la vie ? Que pensent-ils de la mort ? Cette guerre, ces tempêtes, qui viennent battre contre la porte des collines, là-bas, à l’horizon, — qu’est-ce qui en retentit dessous ces petits fronts boutonnés ?

Il ne retentit rien que des taratata, des claironnades, des pétarades, et des images d’Illustration, — un spectacle lointain et qui, prolongé, ennuie : on est blasé !.. Leurs billes et leurs paris les intéressent davantage. Ou leurs intrigues de classes. Et, quand ils sont plus grands, les affaires, gains et pertes, de la maison.

Cependant, ils ont des parents là-bas, dans les tranchées. Plusieurs ont été frappés. Ne pensent-ils pas à eux ?

Sans émoi. Plutôt pour s’en vanter. Ils sont des héros par procuration. Les nouvelles qui arrivent du front sont préalablement filtrées. Ils en voient les misères sous un angle comique. Boudin dit, en se roulant :