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Elle dit à la classe, qui en demeure bouche bée :

— Mes garçons, vous perdez votre peine. Vous voulez m’intimider, parce que je suis femme. Vous retardez de quelques siècles. Les femmes ont part aujourd’hui aux travaux des hommes. Elles les remplacent à la peine. La vie des hommes est leur vie. Elles ne baissent pas les yeux devant… Vous voulez faire les hommes ? Point d’impatience ! Cette ambition est à la portée du plus borné. Toute la question est de savoir si vous serez des hommes sensés, capables dans votre métier. Nous sommes ici pour vous y aider. Mais si vous ne voulez pas, nous ne vous y forcerons pas. Franc jeu ! C’est pour vous. Oui ou non, voulez-vous ?… Eh bien, alors, marchez !

Après quelques essais, ils se convainquent qu’ils ne sont pas les plus forts. Alors, sans qu’on le dise, un traité est signé. Sans doute, il faut toujours que les frontières restent gardées. Autrement, le traité ne serait qu’un chiffon de papier. Elles le sont. Par-dessus, s’organisent des relations normales. Ils ne discutent plus la force établie. Et leur coalition n’ayant plus d’objet, ils se montrent, comme ils sont entre eux, au naturel, — désunis. Au milieu de la tribu, Annette commence à distinguer les individualités. Il y en a quelques-unes, pas beaucoup, — trois ou quatre, sur