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 Ta main qui me caresse, va me tuer demain.
J’attends, en la baisant, le coup mortel de ta main.

Tue-moi ! Frappe ! Quand tu me fais mal, tu me fais bien,
Tu me délivres, destructeur. — Je baise ta main.

Chacun des coups qui m’ensanglante rompt un lien,
Tu arraches chair et chaîne. — Je baise ta main.

Tu brises la prison de mon corps, mon assassin,
Et par la brèche fuit ma vie. — Je baise ta main.

Je suis la terre blessée où lèvera le grain
De la douleur que tu semas. — Je baise ta main.

Sème la douleur sainte ! Que mûrisse en mon sein
Toute la douleur du monde ! — Je baise ta main,
Toute la douleur Je baise ta main…


Tempête, lames marines brisées contre le rocher, âme chargée d’embruns et de lueurs électriques, en poussière écumante de passions et de pleurs projetée vers le ciel…

Et sur le dernier cri des sauvages oiseaux, l’âme retomba d’un coup. Et Annette, épuisée, se jetant sur son lit, s’endormit.