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Une voix derrière la porte dit :

— Pourquoi me torturez-vous ?

Philippe, saisi, se tait.

La voix, lasse, reprend :

— Ami, vous me déchirez.

Philippe est ému ; mais son orgueil blessé ne veut pas le montrer. Il dit :

— Que demandez-vous ?

Elle répond :

— Pitié.

Le ton de la voix le touche ; mais il ne comprend pas.

— Qu’en avez-vous besoin ?

Elle dit :

— Laissez-moi !

Sa colère rejaillit :

— Vous me chassez ? fait-il.

— J’implore de vous le repos… Le repos !… Laissez-moi seule, pendant quelques semaines !

— Ainsi, vous ne m’aimez plus ?

— Je défends mon amour.

— Contre quoi ? contre qui ?

— Contre vous.

— Folie !… Tu m’ouvriras.

— Non !

— Je le veux. Je te veux.

— Je ne suis pas ta proie.

Droite et fière, elle se tenait, frémissante ; et son regard le défiait, au travers de la porte. Quoiqu’il ne pût la voir, ce regard l’atteignit. Il lui cria :

— Adieu !

Elle l’entendit partir, et son sang se glaça. Il ne pardonnerait pas.