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ment ! « — Que vouliez-vous que je fisse contre tous ? Les augures rient, dit-on. Donc, j’ai ri. Mais j’ai dit qu’une bonne plaisanterie ne se gardait pas pour soi, que je ne suis pas égoïste, et que je me proposais d’en faire part, dès le lendemain, au public du Matin. Ils se sont récriés. Mais je ferai comme j’ai dit. Je sais ce qui m’attend : une levée des truelles. Et ceux de l’Hippocratie que j’ai naguère étrillés ne perdront pas l’occasion. Ils ont de quoi m’atteindre. Mais, comme vous dites : bataille ! Madame la guerroyeuse !… Hé ! l’autre soir, chez Solange ?… Cela semble vous amuser ?

— Oui, c’est beau, j’aime cela, lutter contre l’injustice. J’aurais voulu être homme !

— Il n’y a pas besoin d’être homme. Vous en avez eu votre part…

— Jamais je ne me suis plainte de ma part de combat, mais de l’étouffement. Combattre dans une cave, c’est notre lot, à nous. Mais vous, c’est au grand air, sur le sommet d’une montagne.

— Hein ! ce battement de narines ! Un cheval qui respire la poudre. Je le connais déjà. Je l’ai remarqué, l’autre soir.

— Vous vous êtes moqué de moi, l’autre soir.

— Non, certes. Cela me ressemble trop, pour que je me moque.

— Vous me harceliez. Vous m’avez fait marcher !

— Oui, j’avais vu tout de suite… Je ne me suis pas trompé.

— Tout de même, au début, vous étiez assez dédaigneux.

— Du diable si je m’attendais à vous trouver — à trouver vous, chez Solange !

— Eh bien, dites donc, et vous ? Pourquoi vous y trouviez-vous ?

— Moi, c’est autre chose ;

— C’est par amour pour la sentimentalité ?