— Vous vivez sur votre fonds ?
— Si vous avez un moyen de m’en débarrasser ?
— Soyez dure !
— J’apprends ! répondit-elle.
Il lui jeta un bref regard de côté.
Les autres continuaient de s’épancher.
— Tenez, dit Philippe à Annette, voilà un bonhomme à qui il faudra l’apprendre !
(Il lui montrait, du coin de l’œil, Marc, dont le visage mobile trahissait naïvement les émotions diverses que lui causait la jolie madame Villard, assise à côté de lui).
— Je crains, dit Annette, qu’il n’ait déjà que trop de dispositions.
— Tant mieux !
— Tant mieux pour ceux qui sont sur le passage ?
— Qu’il marche dessus !
— Vous en parlez à votre aise !
— Vous n’avez qu’à vous écarter.
— Ce serait contre nature.
— Mais non, ce qui est contre nature, c’est de trop aimer.
— Son enfant ?
— Qui que ce soit, et surtout son enfant.
— Il a besoin de moi.
— Regardez-le ! Est-ce qu’il pense à vous ? Il vous renierait, pour une miette mangée dans la main de ma femme.
Les doigts d’Annette sur la nappe se crispèrent… Ah ! comme elle le haïssait !… Il avait vu ses doigts…
— Je ne l’ai point fait, pour renoncer à lui, dit-elle.
— Vous ne l’avez point fait, répondit-il. C’est la nature qui l’a fait. Elle s’est servie de vous, et vous rejette après.
— Je ne me laisse pas rejeter.
— Bataille, alors ?
— Bataille !