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sait l’animosité de ceux à qui elle était préférée. Ils se considéraient comme frustrés. Il n’était plus question de galanterie ! Les moins dénués d’égard n’étaient pas les hommes mariés ; leurs femmes les excitaient. On calomniait Annette : que n’insinuait-on pas sur les moyens qui lui valaient d’enlever les meilleures places ? — Annette, son sourire dur et attrayant aux lèvres, allait droit son chemin, méprisant l’opinion.

Au fond, pourtant, se marquait — invisible — l’usure de ces longues années de labeur sans merci. La quarantaine approchait. La vie avait passé, sans qu’on y eût pris garde. Et une révolte obscure se levait… Toute cette vie perdue, cette vie sans amour, sans action, sans luxe, sans joie puissante… Et tout cela qui lui manque, elle était si bien faite pour en jouir !…

À quoi bon y penser ? Il est trop tard maintenant !

Trop tard ?…