rale, d’honnêteté, — mieux, de grandeur qui s’ignore, ce je ne sais quoi de divin, fruit des peines, de la vaillance et de la longue patience des meilleurs de la race, — qui ne supportera pas la honte des souillures, l’affront de la déchéance, — qui a le flair inquiet de ce qui est vil et lâche, — qui le traque au dedans, jusque dans les replis de ses pensées, — qui n’échappe point toujours aux salissures, — mais qui ne manque jamais de les juger, de se juger, de se flétrir et de se châtier…
L’orgueil !… Loué soit-il ! Sanctus !… Chez de telles natures d’enfant, l’orgueil est la santé. Il est l’affirmation du divin dans la boue, le principe du salut. Qui, dans la solitude sans amour, qui lutterait, sans orgueil ? Pourquoi lutter, si l’on ne croyait pas que l’on a des biens suprêmes à défendre, et que pour eux, il faut vaincre ou mourir !…
Marc veut vaincre ! Vaincre ce qu’il comprend et ce qu’il ne comprend pas. Vaincre ce qu’il ignore, et ce qui lui répugne. Vaincre l’énigme du monde et vaincre sa bassesse… Ah ! ici comme ailleurs, sans cesse il est vaincu ! Dans son effort de travail, de lecture, de concentration, il s’échappe à lui-même, il se sent débordé. Toujours la force qui lui manque… Elle est là, cependant, mais à peine formée, inférieure à la tâche et à sa volonté. Il est rongé de désirs et de curiosités, saines, malsaines, qui le tiraillent de tous les côtés, ou baigné de torpeur, incapable de rien faire et de rien fixer. Il perd son temps ; et il est trop pressé. Déjà le préoccupe son avenir, le choix de la carrière : car il sait qu’il lui faudra se décider de bonne heure ; et il n’a aucune raison de se décider : il flotte entre tout, avec le même degré d’intérêt et d’indifférence, d’attrait et de dégoût. Il veut et ne veut pas, il n’est même pas capable de vouloir ou de ne pas vouloir. La machine n’est pas réglée. Il se lance et s’arrête en panne, ou butte, et se retrouve au fond.
Alors, il scrute ce fond. Et cet enfant qui souffre et se ronge, est plus apte qu’un autre à percevoir le vide et