lui dit que Sylvie avait le droit de dire et de faire ce qu’elle voulait : on n’avait pas à la juger ; mais ce qui était bon pour elle ne l’était pas pour lui ; il n’avait pas à la prendre pour modèle : « Tout n’est pas à imiter chez elle… » Marc écouta la tirade, et dit négligemment :
— Oui, mais elle, elle a un mari.
Annette ne put répondre d’abord : elle ne voulait pas comprendre… Qu’avait-il dit ? Non, ce n’était pas possible ! … Et puis, une rougeur lui monta au front. Assise, les mains immobiles sur l’ouvrage, elle ne bougeait point. Il ne faisait non plus aucun mouvement. Il n’était pas très fier de ce qu’il avait dit, de ce qui allait venir… Le silence se prolongeait. Un flot de colère soulevait le cœur violent d’Annette. Elle le laissa passer. La pitié, l’ironie prirent la place. Elle eut un sourire méprisant :
— Petit malheureux !
pensait-elle. Et finalement, elle dit, ses doigts ayant repris leur tâche :
— Et tu trouves sans doute qu’une femme sans mari, qui travaille pour nourrir son enfant, est moins digne de respect ?
Marc perdit son aplomb. Il ne répondit rien. Il ne s’excusa point. Il était mortifié.
Annette ne dormit pas, cette nuit… Ainsi, c’était en vain qu’elle s’était sacrifiée ! Que le monde la blâmât, c’était dans l’ordre. Mais lui, à qui elle avait tout donné ! Comment avait-il su ? Qui lui avait soufflé cette pensée ?… Elle ne pouvait lui en vouloir ; mais elle était accablée.
Marc dormit en paix. Il n’était pas sans remords ; mais le sommeil était plus fort que les remords. Une bonne nuit passée, il les eût oubliés, s’il ne les avait retrouvés dans le regard soucieux de sa mère. Il lui déplut que sa mère n’oubliât pas comme lui. Il avait des regrets ; mais il ne pouvait se résoudre à les exprimer ; et comme il en était ennuyé, selon la logique de l’enfant, il en voulut à sa mère. Ils ne refirent pas allusion à la scène. Mais depuis, ils