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lycée ; on l’attendait après sa classe, dans une demi-heure. Le temps coulait uni, sans un pli, sans une ride, sans hâte, comme s’il eût dû ainsi durer toute la vie. On se sentait bien, mais on ne songeait même pas à en jouir : c’était naturel ! Au lierre du mur, dans la cour, les moineaux heureux pépiaient. Les dernières mouches de l’automne bourdonnaient leur contentement de chauffer aux derniers jours de soleil leurs ailes engourdies…

Elles n’entendirent rien… Rien. Pourtant, elles s’étaient tues, au même instant, toutes deux, comme si le fil fragile qui tenait suspendu leur bonheur, s’était rompu…

On sonna à la porte.

— Marc, déjà ? Non, c’est trop tôt.

On sonna, on frappa de nouveau… Il y a des gens bien pressés !… On y va !…

Sylvie alla ouvrir, et Annette, derrière elle, à quelques pas, suivit.

À la porte, la concierge, hors d’haleine, criait, agitait les bras. D’abord, elles ne comprirent pas…

— Madame ne sait pas… le malheur qui est arrivé… La petite demoiselle…

— Qui ?

— Mademoiselle Odette… Cette pauvre mignonne…

— Quoi ! Quoi !

— Elle est tombée…

— Tombée !

— Elle est en bas.

Sylvie hurla. Elle avait repoussé la concierge et dégringola l’escalier. Annette voulut la suivre ; mais les jambes lui manquèrent ; elle dut attendre que son cœur lui permît de marcher. Elle était encore en haut, et penchée sur la rampe, quand de la rue lui vinrent les cris sauvages de Sylvie…

Que s’était-il passé ? Probablement Odette, qui ne