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— Qu’est-ce qu’elles disent, Odette ?

(Il s’imaginait qu’on lui dissimulait la gravité de son mal).

— Je ne sais pas. Elles ne disent rien.

— Qu’est-ce que le médecin a dit ?

— Il a dit que ce ne serait rien.

Il fut un peu soulagé, mais il restait méfiant.

— C’est vrai ? Non, ce n’est pas vrai. On me cache… Je sais bien ce que j’ai, moi…

— Qu’est-ce que tu as ?

Il se taisait.

— Marc, qu’est-ce que tu as ?

Il se renfermait dans un silence orgueilleux et hostile. Odette était angoissée. Elle finit par croire qu’il était très malade. Et son inquiétude se communiqua à Marc. Avec son exagération passionnée, qui prenait des formes mélodramatiques, elle joignit les mains :

— Marc, je t’en prie, ne sois pas si malade ! Je ne veux pas que tu meures !

Il n’en avait pas la moindre envie. Il aimait à être plaint, mais il n’en demandait pas tant ! À s’entendre dire ce qu’il craignait, il fut glacé de peur. Il ne voulait pas le montrer. Tout de même, il le montra :

— Tu vois, tu me cachais !… Tu sais… Je suis très malade ?

— Non, non, je ne veux pas, je ne sais pas, je ne veux pas que tu sois très malade… Marc, ne meurs pas ! Si tu meurs, je veux mourir avec toi !

Elle se jeta à son cou, en pleurant. Il était très ému, et il pleurait aussi, il ne savait pas si c’était à cause d’elle ou de lui. Au bruit, les mamans accoururent et, grondant, les séparèrent. Ils s’étaient sentis bien proches, en cet instant…

Mais le matin suivant, Marc avait réfléchi. Il n’était plus inquiet ; et même, — (pour effacer ses craintes, on s’était moqué de lui) — il était vexé de s’être montré