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— Oui. Elle demande pourquoi on ne voit plus tante Annette.

— Comment ! Elle pense à moi ? fit Annette étonnée. Qui l’en a fait souvenir ?

— Je ne sais pas. Elle a vu ta photo chez moi. Et puis, il faut croire que tu lui as fait impression, quand elle t’a rencontrée, je ne sais où, dans la rue, ou bien à la maison… Intrigante ! avec tes airs de n’y pas toucher, tes manières réservées, tu t’y entends à vous rafler les cœurs !

(Elle ne plaisantait qu’à moitié).

Annette se souvint du tendre petit corps, attrapé au passage, au hasard d’une rencontre, enlevé dans ses bras, de la petite bouche humide, qui se collait à sa joue. Sylvie continuait :

— Enfin, je lui ai dit que nous étions fâchés. Elle demandait pourquoi. Je lui ai répondu : « Zut ! » Ce matin, dans son lit, quand je suis venue l’embrasser, elle m’a dit : « Maman, je voudrais qu’on ne soit pas fâchés avec la tante Annette. » — J’ai dit : « Fiche-moi la paix ! » Mais elle avait de la peine. Alors, je l’ai embrassée, et je lui ai demandé : « Tu y tiens tant que ça, à cette tante ? Qu’est-ce que ça peut bien te faire ? En voilà, une idée !… Eh bien, si tu y tiens, on ne sera plus fâchés. » Elle a tapé des mains et dit : « Quand elle viendra ? » — « Quand il lui plaira. » — « Non, je voudrais que tu ailles tout de suite lui dire de venir. »… Je suis allée… Petite drogue !… Elle fait de moi ce qu’elle veut… Maintenant, tu vas venir. On t’attend pour dîner.

Annette, les yeux baissés, ne disait ni oui ni non. Sylvie fut indignée :

— J’espère bien que tu n’auras pas le cœur de te faire prier !

— Non, dit Annette, montrant ses yeux rayonnants, où il y avait une larme.

Elles s’embrassèrent passionnément. Par jeu d’amour