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Sylvie n’aimait pas à faire la moitié du chemin, et qu’on ne vînt pas au-devant. Elle dit, d’un ton vexé :

— Quand on a eu des torts, il faut avoir au moins le courage de les reconnaître.

— Je reconnais les tiens, dit Annette, obstinée.

Sylvie, se fâchant, déballa les vieux reproches amassés. Amette répliquait avec hauteur. Elles allaient se dire les plus dures vérités. Sylvie, qui n’était pas patiente, fit le mouvement de se lever pour partir ; mais elle se rassit, en disant :

— Tête de bois ! Il n’y aura jamais moyen de la faire convenir qu’elle n’avait pas raison !

— Lorsque ce n’est pas vrai ! fit l’autre, intransigeante.

— Au moins, par politesse, pour que je n’aie pas tort toute seule !

Elles rirent.

Elles se regardaient maintenant avec des yeux apaisés et railleurs. Sylvie fit la grimace à Annette. Annette lui cligna de l’œil. Elles ne désarmaient pourtant pas.

— Diablesse ! dit Sylvie.

— Je n’accepte point… fit Annette. C’est toi qui…

— Bon, ne recommençons pas !… Écoute, je suis franche : tort ou raison, je ne serais pas revenue ici, toute seule. Je n’oublie pas, moi non plus…

Elle recommença tout de même, malgré ce qu’elle venait de dire, à rappeler jalousement, mi-bouffe, mi-sérieuse, avec un mélange de rancune et de blague, qu’Annette avait voulu tourner la tête à son mari. Annette haussa les épaules.

— Enfin, conclut Sylvie, tu peux être certaine que s’il n’y avait que moi, je ne serais pas revenue !

Annette l’interrogeait curieusement du regard. L’autre dit :

— C’est Odette qui m’envoie.

— Odette ?