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y force. Les moyens ne manquent pas : prends-lui son consentement ! Il t’en saura gré, plus tard.

Mais Annette eût trop souffert de la pensée que Julien pût un jour lui reprocher (même s’il ne le disait pas) de l’avoir épousée. Quand il ne lui fut plus possible de ne pas voir la faiblesse irrémédiable du caractère de cet homme et l’inutile espoir d’une décision durable sur laquelle cet esprit inquiet ne cherchât plus à revenir, elle trancha dans le vif. Elle écrivit à Julien de ne plus prolonger un stérile tourment. Elle souffrait, il souffrait ; et il leur fallait vivre. Elle devait travailler pour son enfant ; et lui, avait sa tâche. Elle l’en avait trop longtemps détourné. Ils s’étaient pris, l’un à l’autre, leurs forces. Ils n’en avaient pas de trop ! Puisqu’ils ne pouvaient pas se faire le bien qu’ils avaient souhaité, qu’ils ne se fassent pas de mal ! Qu’ils ne se revoient plus ! Elle le remerciait de tout ce qu’il avait été.

Julien ne répondit pas. — Et ce fut le silence…

Au fond, se débattaient la rancune, le regret, et la passion blessée…