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ANNETTE ET SYLVIE

— Quand elle est animée, comme elle est plus jolie !

Mais elle n’en démordit point. Elle était bien aise de montrer à Annette qu’elle avait, elle aussi, sa petite volonté.

Le visage empourpré de colère, Annette répétait, suppliante, impérieuse :

— Reste !… Tu resteras… Je le veux… C’est dit ?… Tu restes ?… Tu restes ?… Réponds !… C’est oui ?…

Avec son même sourire exaspérant, la petite têtue répondit :

— C’est non, chérie.

Annette s’éloigna, d’un mouvement emporté :

— Alors, tout est fini.

Et, lui tournant le dos, elle alla vers la fenêtre et ne sembla plus voir Sylvie. — La petite attendit un moment, puis se leva et, de sa voix câline, dit :

— Au revoir, Annette.

Annette ne se retourna pas.

— Adieu, dit-elle.

Ses mains étaient crispées. Si elle avait fait un mouvement, Dieu sait ce qui fût arrivé ! Elle eût pleuré, crié… Elle resta sans bouger, hautaine et glacée. Sylvie, un peu gênée, non sans quelque inquiétude, malgré tout amusée, s’en allant, derrière la porte lui fît un pied-de-nez. Elle n’était pas très fière — (un peu fière,