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ANNETTE ET SYLVIE 63

instants, l’escortait en silence ? Elle vit soudain près d’elle le profil amusé, les lèvres qui remuaient comiquement sans parler, le petit œil rieur qui regardait de côté… Alors, elle s’arrêta, avec un de ces mouvements de joie impétueuse, qui avaient, une fois déjà, surpris, séduit Sylvie. Les bras brusquement tendus. Un élan de tout l’être. Sylvie pensait :

— Elle va bondir…

Un instant seulement. Déjà, elle s’était ressaisie ; et, presque froidement, elle dit :

— Bonjour, Sylvie.

Mais ses joues s’étaient colorées ; et sa raideur ne tint pas devant l’éclat de rire de la petite, enchantée de sa gaminerie. Elle rit avec elle :

— Ah ! tu m’as attrapée !

Sylvie lui prit le bras, et elles continuèrent leur chemin, modelant tendrement leur pas, l’une sur l’autre.

— Tu étais là depuis longtemps ? demandait Annette.

— Oh ! depuis une demi-heure ! affirma, sans hésiter, Sylvie.

— Non ? s’exclamait la crédule Annette.

— Je suivais tes mouvements. Je voyais tout. Tout. Tu parlais en marchant.

— Ce n’est pas vrai ! ce n’est pas vrai ! protesta Annette. Ah ! la petite menteuse !…