Page:Rolland - L’Âme enchantée, tome 1.djvu/58

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

porte, son chapeau sur la tête, toute prête à sortir, et ne s’y décidant pas, — juste, Sylvie sonna !…

Entre la sonnerie et la porte qui s’ouvre, dix secondes ne s’écoulèrent pas. Une telle promptitude et l’apparition des yeux ravis d’Annette, dirent assez à Sylvie qu’elle était attendue. Déjà les deux museaux sur le seuil s’embrassaient, avant d’avoir dit un mot. Annette, impétueusement, entraîna Sylvie à travers la maison, sans lui lâcher les mains, en la mangeant des yeux, riant de la gorge, sottement, comme un enfant heureux…

Et rien ne se passa comme elle l’avait prévu. Aucune des phrases d’accueil préparées ne servit. Elle ne fit pas asseoir Sylvie à la place choisie. Tournant le dos à la fenêtre, elles s’assirent toutes deux sur le divan, côte à côte, et, les yeux dans les yeux, parlant sans s’écouter, leurs regards se disaient :

Annette : — « Enfin ! Tu es donc là ? »

Sylvie : — « Tu le vois, je suis venue… »

Mais Sylvie, ayant examiné Annette, dit :

— Vous alliez sortir ?

Annette secoua la tête, sans vouloir expliquer. Sylvie comprit très bien, et, se penchant, souffla :

— C’est chez moi que tu allais ?

Annette tressauta, et, appuyant sa joue sur l’épaule de sa sœur, elle murmura :