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238 L’AME ENCHANTEE

— Oui, Roger, dit-elle. Certainement. C’est très, très intéressant. Mais pour vous dire la vérité, — ne soyez pas froissé ! — je ne crois pas autant que vous en cette cause politique à laquelle vous vous consacrez.

— Quoi ! vous n’y croyez pas ? Vous y croyiez pourtant, lorsque je vous en parlais, dans les premiers temps que je vous vis à Paris…

— J’ai un peu changé, dit-elle.

— Qu’est-ce qui vous a fait changer ?… Non, non, ce n’est pas possible… Vous changerez encore. Ma généreuse Annette ne peut pas se désintéresser de la cause du peuple, du renouveau social !

— Mais je ne m’en désintéresse pas, dit-elle. Ce dont je me désintéresse, c’est de la cause politique.

— L’une et l’autre se confondent.

— Pas tout à fait.

— La victoire de l’une sera la victoire de l’autre.

— J’en doute un peu.

— C’est pourtant le seul moyen de servir le progrès et le peuple.

(Annette pensait : « En se servant soi-même. » — Mais elle se le reprocha.)

— J’en vois d’autres.

— Lesquels ?