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Leur intimité, en ces fins jours d’octobre embrumés, enroulés comme d’une toile d’araignée, leur était devenue si nécessaire qu’elles se demandaient comment elles avaient pu jusque-là s’en passer.

Cependant, elles s’en étaient passées ; et elles s’en passeraient encore. La vie ne s’enferme pas, dès vingt ans, dans une intimité, si chère soit-elle, — surtout la vie de deux êtres aussi ailés. Il faut qu’ils tentent les espaces de l’air. Si ferme que s’affirme la volonté de leur cœur, l’instinct de leurs ailes est plus fort. Quand Annette et Sylvie se disaient tendrement :

— Comment est-il possible qu’on ait vécu si longtemps l’une sans l’autre ? elles ne s’avouaient pas :

— Il faudra bien pourtant, tôt ou tard, (quel dommage !) que l’on vive l’une sans l’autre !

Car l’autre ne peut pas vivre pour vous, à votre place ; et vous ne le voudriez pas. Certes, il était profond, le besoin de leur tendresse