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jouer sa partie. Quelle partie ? Vraiment, elle n’en savait rien… Eh bien, de se divertir, — et de seconder Annette, bien sûr, cela va sans dire ! Ce garçon était bien. Annette, aussi, très bien. Comme un sentiment fort toujours l’embellissait ! Cette fierté brûlante, ce front de petit taureau qui s’apprête au combat, ces ondes de rougeurs et de pâleurs subites, que Sylvie croyait voir passer sur le corps, comme des frissons… L’homme se piquait au jeu…

— … Rien à faire, mon garçon, non, non, tu ne l’auras pas, si elle ne veut pas !… Mais veut-elle ? ne veut-elle pas ?… Décide-toi, Annette ! Il est pris. Achève-le !… La sotte ! Elle ne sait pas… Bon, nous allons l’aider…

Ce fut par les louanges d’Annette que s’engagea leur connaissance. Ils l’admiraient tous deux. L’Italien était décidément conquis. Radieuse, les yeux brillants, Sylvie abondait en son sens. Elle était bien adroite à célébrer sa sœur. Mais elle ne l’était pas moins à s’armer de tous ses charmes. Et, une fois mis en jeu, il n’était plus moyen de les arrêter. Elle avait beau leur dire :

— Maintenant, tiens-toi tranquille. C’est assez. Tu vas trop loin…

… Ils n’écoutaient plus rien ; il n’y avait qu’à les laisser faire… C’était si amusant ! Naturellement, cet idiot aussitôt avait pris feu. Que les