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L’été fut, cette année, d’une ardeur excessive. Vers le milieu d’août, les beaux arbres du jardin étaient déjà brûlés. Dans les nuits embrasées, Sylvie tendait son bec pour gober au passage un souffle d’air. Elle était rétablie, mais elle restait pâlotte, et elle n’avait pas beaucoup d’appétit. De tout temps, elle était petite mangeuse, qui, si on l’eût laissée, eût dîné certains soirs d’une glace et de fruits. Mais Annette veillait. Mais Annette grondait. Elle avait fort à faire. — Elle décida enfin le voyage dans les montagnes, remis de semaine en semaine, avec l’arrière-pensée qu’on l’esquiverait. Elle eût voulu garder sa sœur pour elle seule, tout l’été.

Elles se rendirent dans une station des Grisons, dont Annette conservait, d’un séjour ancien, le souvenir d’une bonne et simple hôtellerie, dans un cadre pastoral, reposant, de la vieille Suisse. Mais, en quelques années, tout s’était transformé. L’hôtel avait essaimé. C’était une cité de palaces prétentieux. Dans les