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LE BUISSON ARDENT

allait aux travailleurs qui s’organisent. Mais ils avaient été élevés dans le culte de la liberté : or, c’était ce dont les révolutionnaires se souciaient le moins. Qui, d’ailleurs, aujourd’hui se soucie de la liberté ? Une élite sans action sur le monde. La liberté traverse des jours sombres. Les papes de Rome proscrivent la lumière de la raison. Les papes de Paris éteignent les lumières du ciel. Et M. Pataud, celles des rues. Partout l’impérialisme triomphe : impérialisme théocratique de l’Église romaine ; impérialisme militaire des monarchies mercantiles et mystiques ; impérialisme bureaucratique des républiques francs-maçonnes et cupides ; impérialisme dictatorial des comités révolutionnaires. Pauvre liberté, tu n’es pas de ce monde !… Les abus de pouvoir, que les révolutionnaires prêchaient et pratiquaient, révoltaient Christophe et Olivier. Ils avaient peu d’estime pour les ouvriers jaunes qui refusent de souffrir pour la cause commune. Mais ils trouvaient abominable qu’on prétendit les y contraindre par la force. — Cependant, il faut prendre parti. Dans la réalité, le choix n’est pas aujourd’hui entre un impérialisme et la liberté, mais entre un impérialisme et un impérialisme. Olivier disait :

— Ni l’un ni l’autre. Je suis pour les opprimés.