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LE BUISSON ARDENT

naître. Un moment, elle remarqua Bäbi, et lui donna avec précision des ordres pour la lessive du lendemain. Dans la nuit, elle s’assoupit. Tout à coup, elle se souleva ; Braun accourut. Elle le regarda, d’une façon étrange, balbutiant des mots impatients et informes. Il lui demanda :

— Ma chère Anna, que veux-tu ?

Elle dit, d’une voix âpre :

— Va le chercher.

— Qui ? demanda-t-il.

Elle le regarda encore, avec la même expression, brusquement éclata de rire ; puis, elle se passa les mains sur le front, et gémit :

— Ah ! mon Dieu ! oublier !…

Le sommeil la reprit. Elle fut calme jusqu’au jour. Vers l’aube, elle fit quelque mouvement ; Braun lui souleva la tête, pour lui donner à boire ; elle avala docilement quelques gorgées, et, se penchant vers les mains de Braun, elle les embrassa. Elle s’assoupit de nouveau.

Le samedi matin, elle s’éveilla vers neuf heures. Sans dire un mot, elle sortit les jambes du lit, et voulut descendre. Braun se précipita vers elle et essaya de la recoucher. Elle s’obstina. Il lui demanda ce qu’elle voulait faire. Elle répondit :