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LA FIN DU VOYAGE

massée sur elle-même, les bras serrés contre les seins, les genoux repliés sous le menton Il ferma la fenêtre. Il s’assit sur le lit. Il prit dans ses mains les pieds d’Anna, d’un froid de glace, il les réchauffa avec sa bouche, avec ses mains. Elle fut attendrie.

— Christophe ! dit-elle.

Elle avait des yeux lamentables.

— Anna ! dit-il.

— Qu’allons-nous faire ?

Il la regarda, et dit :

— Mourir.

Elle eut un cri de joie :

— Oh ! tu veux bien ? tu veux aussi ?… Je ne serai pas seule !

Elle l’embrassait.

— Croyais-tu donc que j’allais te laisser ?

Elle répondit, à voix basse :

— Oui.

Il sentit ce qu’elle avait dû souffrir.

Après quelques instants, il l’interrogea du regard. Elle comprit :

— Dans le bureau, dit-elle. À droite. Le tiroir du bas.

Il alla et chercha. Tout au fond, il vit un revolver. Braun l’avait acheté, quand il était étudiant. Il ne s’en était jamais servi. Dans une boîte crevée, Christophe trouva quelques cartouches. Il les rapporta vers