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LA FIN DU VOYAGE

Il continua son chemin. Olivier, avec un sourire triste, le suivit.

À quelques rangs devant eux, dans la zone dangereuse où le peuple refoulé formait comme une barre, il aperçut juché sur le toit d’un kiosque à journaux son ami le petit bossu. Accroché des deux mains, accroupi dans une pose incommode, il regardait en riant par delà la muraille des troupes ; et il se retournait vers la foule, d’un air de triomphe. Il remarqua Olivier, et lui adressa un regard rayonnant ; puis, il se mit de nouveau à épier là-bas, du côté de la place, avec des yeux élargis d’espoir, attendant… Quoi donc ? — Ce qui devait venir… Il n’était pas le seul. Tant d’autres, autour de lui, attendaient le miracle ! Et Olivier, regardant Christophe, vit que Christophe attendait aussi.

Il appela l’enfant, lui cria de descendre. Emmanuel fit mine de ne pas entendre, et ne le regarda plus. Il avait vu Christophe. Il était bien aise de s’exposer dans la bagarre, en partie pour montrer son courage à Olivier, en partie pour le punir de ce qu’il était avec Christophe.

Cependant, ils avaient retrouvé dans la foule quelques-uns de leurs amis, — Coquard à la barbe d’or, qui, lui, n’attendait rien que