Page:Rolland - Jean-Christophe, tome 9.djvu/124

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

108
LA FIN DU VOYAGE

— Rainette, tu sais, je crois aussi à des bons Dieux, comme toi.

— C’est vrai ?

— C’est vrai.

Il le disait surtout, par générosité. Mais, après l’avoir dit, il y croyait un peu.

Ils restèrent sans parler. Ils ne se voyaient pas. La belle nuit, dehors !… Le petit infirme murmura :

— Qu’il fera bon, quand on sera mort !

On entendait le souffle léger de Rainette.

Il dit :

— Bonne nuit, petite grenouille.

La voix attendrie de Rainette dit :

— Bonne nuit.

Il partit, allégé. Il était content que Rainette lui eût pardonné. Et, tout au fond de lui-même, il ne déplaisait pas au petit souffre-douleur qu’une autre eût souffert par lui.