devînt tout à fait. Il déclara qu’elle n’épouserait jamais Olivier. Elle déclara qu’elle l’épouserait. Le voile se déchira. Il s’aperçut qu’il ne comptait plus pour elle. Son égoïsme paternel ne s’en était jamais douté, et il en fut indigné. Il jura qu’Olivier ni Christophe ne remettraient plus les pieds chez lui. Jacqueline s’exaspéra ; et un beau matin, Olivier, allant ouvrir sa porte, vit entrer en coup de vent la jeune fille, pâle et décidée, qui lui dit :
— Enlevez-moi ! Mes parents ne veulent pas. Moi, je veux. Compromettez-moi.
Olivier, effaré, mais touché, n’essayait même pas de discuter. Heureusement, Christophe était là. Il était le moins raisonnable, à l’ordinaire. Il les raisonna. Il montra le scandale qui suivrait, et comme ils en souffriraient. Jacqueline, mordant sa lèvre avec colère, dit :
— Eh bien, nous nous tuerons après.
Loin d’effrayer Olivier, ce lui fut une raison pour être décidé. Christophe n’eut pas peu de peine à obtenir des deux fous quelque patience : avant d’en venir à ces moyens désespérés, il fallait essayer des autres : que Jacqueline rentrât chez elle ; lui, irait voir M. Langeais, et plaider leur cause.
Singulier avocat ! Aux premiers mots qu’il