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Une femme eut sur elle une influence bienfaisante, — trop brève. Une sœur de son père, âgée de quarante à cinquante ans, qui ne s’était point mariée. Grande, la figure régulière, mais triste et sans beauté, Marthe Langeais était toujours vêtue de noir ; elle avait une distinction étriquée dans ses gestes et ses mouvements ; elle parlait à peine, d’une voix presque basse. Elle eût passé inaperçue, sans le regard clair de ses yeux gris intelligents, et le bon sourire de sa bouche un peu triste.

On ne la voyait chez les Langeais qu’à de certains jours, quand ils étaient seuls. Langeais avait pour elle un respect, mêlé d’ennui. Mme  Langeais ne cachait point à son mari le peu de plaisir qu’elle trouvait à ses visites. Ils s’obligeaient pourtant, par devoir de convenance, à la recevoir régulièrement à dîner, un soir par semaine ; et ils ne lui montraient pas trop que c’était un devoir. Langeais parlait de lui, ce qui l’intéressait toujours.

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