ler sa peine comme une coque vide. Quelque jour, nous raconterons comment il avait cru trouver une belle cause à laquelle faire le don de sa vie qui ne l’intéressait plus que pour la sacrifier ; et, comme c’est la loi, du jour où il avait fait dans son cœur un acte de renoncement à la vie, elle s’était rallumée. Ses amis le regardaient. Ils ne savaient point ce qui s’était passé, et ils n’osaient le lui demander ; mais ils sentaient qu’il s’était délivré, et qu’il n’y avait plus en lui ni regret, ni amertume, pour quoi que ce fût, contre qui que ce fût.
Christophe, se levant, alla au piano, et dit à Olivier :
— Veux-tu que je te chante une mélodie de Brahms ?
— De Brahms ? dit Olivier. Tu joues maintenant de ton vieil ennemi ?
— C’est la Toussaint, dit Christophe. Jour de pardon pour tous.
Il chanta, à mi-voix, pour ne pas réveiller l’enfant, quelques phrases d’un vieux lied populaire de Souabe :
… Für die Zeit, wo du g’liebt mi hast
Da dank’i dir schön,
Und i wünsch’, dass dir’s anderswo
Besser mag geh’n…