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LA FIN DU VOYAGE

Mais c’était plus fort qu’elle. Elle parlait, elle parlait, et son cœur silencieux était baigné d’espoir.

Christophe dit :

— Oui, sans doute, nous y avons bien pensé. Le pauvre petit ! Ni Olivier, ni moi ne sommes capables de l’élever. Il faut les soins d’une femme. J’avais songé qu’une amie voudrait bien nous aider…

Mme  Arnaud respirait à peine.

Christophe dit :

— Je voulais vous en parler. Et puis, Cécile est venue justement, tout à l’heure. Quand elle a su la chose, quand elle a vu l’enfant, elle était si émue, elle a montré tant de joie, elle m’a dit : « Christophe… »

Le sang de Mme  Arnaud s’arrêta ; elle n’entendit pas la suite ; tout se brouilla devant ses yeux. Elle avait envie de crier :

— Non, non, donnez-le-moi…

Christophe parlait. Elle n’entendait pas ce qu’il disait. Mais elle fit effort sur elle-même. Elle pensa aux confidences de Cécile. Elle pensa :

— Elle en a plus besoin que moi. Moi, j’ai mon cher Arnaud… et puis toutes mes choses… Et puis, je suis plus vieille…

Et elle sourit et dit :