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LA FIN DU VOYAGE

Enfin, passons sur cette calembredaine… Mais qu’on opposât son art « républicain » à « l’art de sacristie » des maîtres venus avant lui, — (lui qui se nourrissait de l’âme de ces grands hommes), — c’était trop…

— Bougres de crétins ! Ils vont me faire passer pour un idiot !…

Et puis, quelle raison d’éreinter, à son sujet, des musiciens français de talent, qu’il aimait plus ou moins, — (et plutôt moins que plus), — mais qui savaient leur métier et lui faisaient honneur ? Et, — le pire, — on lui prêtait, avec un sans-gêne incroyable, des sentiments odieux à l’égard de son pays !… Non, cela, cela ne pouvait se supporter…

— Je m’en vais leur écrire, dit Christophe.

Olivier s’interposa :

— Non, non, dit-il, pas maintenant ! Tu es trop excité. Demain, à tête reposée…

Christophe s’obstina. Quand il avait quelque chose à dire, il ne pouvait attendre au lendemain. Il promit seulement à Olivier de lui montrer sa lettre. Ce ne fut pas inutile. La lettre dûment revisée, où il s’attachait surtout à rectifier les opinions qu’on lui attribuait sur l’Allemagne, Christophe courut la mettre à la poste.