— Vous avez touché le prix, dit Hecht.
— Trente deniers, oui, fit Christophe. Reprenez-les.
Il fouillait dans ses poches pour rendre à Hecht les trois cents francs. Mais il ne les avait pas. Hecht sourit légèrement, avec un peu de dédain. Ce sourire enragea Christophe.
— Je veux mes œuvres, dit-il, je vous les rachète.
— Vous n’en avez aucun droit, dit Hecht. Mais comme je ne tiens nullement à retenir les gens, de force, je consens à vous les rendre, — si vous êtes en mesure de me rembourser des indemnités dues.
— Je le serai, dit Christophe, dussé-je me vendre moi-même.
Il accepta, sans discuter, les conditions que Hecht lui soumit, quinze jours plus tard. Par une folie insigne, il rachetait les éditions de ses œuvres, à des prix cinq fois supérieurs à ce que ses œuvres lui avaient rapporté, quoique nullement exagérés : car ils étaient scrupuleusement calculés d’après les bénéfices réels que les œuvres rapportaient à Hecht. Christophe était incapable de payer ; et Hecht y comptait bien. Hecht ne tenait pas à accabler Christophe, qu’il estimait comme artiste