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LA FIN DU VOYAGE

la bonne heure ! Je vous reconnais. Allons, montrez votre tête. Ne pleurez pas dans mes draps.

— C’est pardonné ?

— C’est pardonné. Mais n’y revenez plus.

Elle causa encore un peu avec lui, l’interrogea sur ce qu’il faisait, puis fut fatiguée, ennuyée, le renvoya.

Il était convenu qu’il reviendrait la voir, la semaine suivante. Mais au moment de partir, il reçut d’elle un télégramme, lui disant de ne pas venir : elle était dans un de ses mauvais jours. — Puis, le surlendemain, elle le redemanda. Il vint. Il la trouva convalescente, assise près de la fenêtre, à demi étendue. C’était le premier printemps, le ciel ensoleillé, les jeunes pousses des arbres. Elle était plus affectueuse et plus douce qu’il ne l’avait encore vue. Elle dit que, l’autre jour, elle ne pouvait voir personne : elle l’eût détesté, comme les autres hommes.

— Et aujourd’hui ?

— Aujourd’hui, je me sens toute jeune, toute neuve, et j’ai de l’affection pour tout ce que je sens de jeune et de neuf autour de moi, — comme vous.

— Je ne suis pourtant plus tout jeune et tout neuf.