Page:Rolland - Jean-Christophe, tome 8.djvu/157

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

147
LES AMIES

mais venu en aide. Maintenant le pli est pris… Et puis, c’est mieux ainsi. Personne ne peut rien pour vous. Du bruit dans la chambre, des attentions importunes, des jérémiades hypocrites… Non. J’aime mieux mourir seule.

— Vous êtes bien résignée !

— Résignée ? Je ne sais pas seulement ce que ce mot veut dire. Non, je serre les dents, et je hais le mal qui me fait souffrir.

Il lui demanda si on ne venait pas la voir, si personne ne s’occupait d’elle. Elle dit que ses camarades de théâtre étaient d’assez bonnes gens, — des imbéciles, — mais serviables, compatissants (d’une façon superficielle).

— Mais c’est moi, je vous dis, qui ne veux pas les voir. Je suis une mauvaise coucheuse.

— Je m’en contenterais, dit-il.

Elle le regarda avec pitié :

— Vous aussi ! Vous allez parler comme les autres ?

Il dit :

— Pardon, pardon… Bon Dieu ! Voilà que je deviens Parisien ! Je suis honteux… Je vous jure que je n’ai pas seulement réfléchi à ce que je disais…

Il se cacha la figure dans les draps. Elle rit franchement, et lui donna une tape sur la tête :

— Ah ! ce mot-là, il n’est pas parisien ! À