Page:Rolland - Jean-Christophe, tome 8.djvu/12

Cette page a été validée par deux contributeurs.

LA FIN DU VOYAGE

mal éveillé, alla ouvrir, en bougonnant ; il n’écouta point ce que le concierge, souriant et prolixe, lui disait, à propos d’un article de journal, il prit les lettres sans les regarder, poussa la porte sans la fermer, se recoucha, et se rendormit, de plus belle.

Une heure après, il était de nouveau réveillé en sursaut par des pas dans sa chambre ; et il avait la stupéfaction de voir, au pied de son lit, une figure qui lui était étrangère, et qui le saluait gravement. Un journaliste, trouvant la porte ouverte, était entré sans façon. Christophe, furieux, sauta du lit :

— Qu’est-ce que vous venez foutre ici ? — lui cria-t-il.

Il avait empoigné son oreiller pour le jeter sur l’intrus, qui esquissa un mouvement de retraite. Ils s’expliquèrent. Un reporter de la Nation désirait interviewer monsieur Krafft, au sujet de l’article paru dans le Grand Journal.

— Quel article ?

— Ne l’avait-il pas lu ? Le reporter s’offrait à lui en donner connaissance.

Christophe se recoucha. S’il n’avait été engourdi par le sommeil, il eût mis l’homme à la porte ; mais il trouva moins fatigant de le laisser parler. Il s’enfonça dans le lit, ferma

— 2 —