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JEAN-CHRISTOPHE À PARIS

que quand il se donnait. C’était une âme féminine, qui avait toujours besoin d’aimer et d’être aimée. Il était né pour Christophe, et Christophe pour lui. Tels, ces amis aristocratiques et charmants, qui sont l’escorte des grands artistes, et semblent avoir fleuri de leur âme puissante : Beltraffio, de Léonard ; Cavalliere, de Michel-Ange ; les gentils compagnons ombriens du jeune Raphaël ; Aert van Gelder, resté fidèle auprès de Rembrandt, misérable et vieilli. Ils n’ont pas la grandeur des maîtres ; mais il semble que tout ce qu’il y a de noble et de pur chez les maîtres, se soit, chez les amis, encore spiritualisé. Ils sont les compagnes idéales des génies.