Il ne savait plus, par moments, si c’était Olivier qu’il aimait dans Antoinette, ou Antoinette dans Olivier. Par une inspiration de tendresse, il allait, sans le dire, faire visite à la tombe d’Antoinette ; et il y apportait des fleurs. Olivier fut longtemps avant de s’en douter. Il ne l’apprit qu’un jour où il trouva sur la tombe des fleurs toutes fraîches ; mais ce ne fut pas sans peine qu’il parvint à avoir la preuve que Christophe était venu. Quand il essaya timidement de lui en parler, Christophe détourna l’entretien, avec une rudesse bourrue. Il ne voulait pas permettre qu’Olivier le sût ; et il s’y entêta jusqu’au jour où, au cimetière d’Ivry, ils se rencontrèrent.
De son côté, Olivier écrivait à la mère de Christophe, à l’insu de celui-ci. Il donnait à Louisa des nouvelles de son fils ; il lui disait quelle affection il avait pour lui, et combien il l’admirait. Louisa répondait à Olivier des lettres maladroites et humbles, où elle se confondait en remerciements ; elle parlait toujours de son fils, comme d’un petit garçon.