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DANS LA MAISON

l’opinion forcés de compter avec le jugement d’un brave homme, qui n’avait d’autres armes que sa force morale, affirmée publiquement, avec une constance courageuse et tenace…

Et si vous vous demandez à quoi bon se donner tant de peines, à quoi bon lutter, à quoi bon ?… eh bien, sachez-le : — Parce que la France meurt, parce que l’Europe meurt, — parce que notre civilisation, l’œuvre admirable édifié, au prix de tant de siècles d’efforts, par notre humanité, s’engloutirait, si nous ne luttions. Ce n’est pas un vain mot. La Patrie est en danger, notre Patrie européenne, — et plus que toutes, la vôtre, votre petite patrie, la France. Votre apathie la tue. Votre silence la tue. Elle meurt dans chacune de vos énergies qui meurent, de vos pensées qui se résignent, de vos bonnes volontés stériles, dans chaque goutte de votre sang, qui se tarit, inutile… Debout ! Il faut vivre ! Ou, si vous devez mourir, vous devez mourir debout.