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DANS LA MAISON

du Stendhal pour quatuor à cordes… — Vous êtes la plus grande démocratie de l’Europe, et vous n’avez pas de théâtre du peuple, pas de musique du peuple. Ah ! si j’étais Français, je mettrais en musique votre Révolution : le 14 juillet, le 10 août, Valmy, la Fédération, je mettrais le peuple en musique ! Non pas dans le genre faux des déclamations wagnériennes. Je veux des symphonies, des chœurs, des danses. Pas de discours ! J’en suis las. Qu’on ne parle pas toujours dans un drame musical ! Silence aux mots ! Peindre à larges traits, en de vastes symphonies avec chœurs, d’immenses paysages musicaux, des épopées Homériques et Bibliques, le feu, la terre et l’eau et le ciel lumineux, la fièvre qui gonfle les cœurs, la poussée des instincts, des destins d’une race, le triomphe du Rythme, empereur du monde, qui asservit les milliers d’hommes et lance les armées à la mort… La musique partout, la musique dans tout ! Si vous étiez musiciens, vous auriez de la musique pour chacune de vos fêtes publiques, pour vos cérémonies officielles, pour les corporations ouvrières, pour les associations d’étudiants, pour vos fêtes familiales… Mais, avant tout, avant tout, si vous étiez musiciens, vous feriez de la musique pure, de la musique qui ne veut rien dire, de la musique qui n’est bonne à rien, à rien qu’à réchauffer, à respirer, à vivre. Faites du soleil ! Sat prata… (comment est-ce que tu dis cela en latin ?)… Il a