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ANTOINETTE

Après un moment, Olivier, dont la petite tête continuait à travailler toute seule, dit :

— Est-ce que tu es fatigué, aussi, papa ?

— Oui, mon petit.

La voix affectueuse de l’enfant reprit :

— Il ne faut pas tant te fatiguer, papa.

M. Jeannin attira à lui la tête d’Olivier, et l’appuya contre sa poitrine, en murmurant :

— Mon pauvre petit !…

Mais déjà les pensées d’Olivier avaient pris un autre cours. L’horloge de la tour sonnait huit heures. Il se dégagea, et dit :

— Je vais lire.

Le jeudi, il avait la permission de lire, une heure après dîner, jusqu’au moment de se coucher : c’était son plus grand bonheur ; et rien au monde n’eût été capable de lui en faire sacrifier une minute.

M. Jeannin le laissa partir. Il se promena encore, de long en large, sur la terrasse obscure. Puis il rentra, à son tour.

Dans la chambre, autour de la lampe, les