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JEAN-CHRISTOPHE À PARIS

lait les éblouir par les services rendus.

L’entreprise sombra. Il l’apprit d’une façon indirecte par un de ses correspondants parisiens, qui lui disait un mot, en passant, du nouveau krach, sans se douter que Jeannin était une des victimes : car le banquier n’avait parlé de rien à personne ; avec une inconcevable légèreté, il avait négligé — évité, semblait-il, — de prendre conseil auprès de ceux qui étaient capables de le renseigner ; il avait tout fait en secret, infatué de son infaillible bon sens, et il s’était contenté des plus vagues renseignements. Il y a de ces aberrations dans la vie : on dirait qu’à certains moments, il faille absolument qu’on se perde : il semble qu’on ait peur que quelqu’un vous vienne en aide ; on fuit tout conseil qui pourrait vous sauver, on se cache, on se hâte avec un empressement fébrile, afin de pouvoir faire le grand plongeon tout à son aise.

M. Jeannin courut à la gare, et, le cœur